vendredi, novembre 19, 2004

Editorial ésotérique...

Lundi le 15 novembre, André Pratte éditorialiste en chef de La Presse, s'est lancé dans une véritable séance de divination dans son éditorial. Le titre... "Le monde (et le Québec) en 2050"

Il commence son texte avec deux "prophéties" dans ses deux premières phrases... "La réélection de Georges Bush laisse présager des relations difficiles entre une Amérique arrogante et conservatrice et ses alliés traditionnels. L'Occident trouvera cette cohabitation d'autant frustrante que rien n'annonce un déclin de la domination économique et militaire des États-Unis." L'Amérique arrogante et conservatrice qui domine le monde économique et militaire étant une réalité que l'on vit tous les jours..., ne sera pas la base de l'éditorial de M.Pratte. Les chiffres, ça fait plus sérieux. Pour une "vraie analyse" demandant un énorme effort intellectuel(sic), c'est mieux avec des statistiques, on peut leur faire dire n'importe quoi...

Ses deux premières prophéties donc, lui serait apparu... après avoir pris connaissance des projections démographiques pour les 50 prochaines années, publiées par l'ONU. Et comme les chiffres disent que la population américaine continuera de croître d'ici 2050, M. Pratte se croit justifier de nous donner une vrai leçon de démographie et de fédéralisme.

C'est que M. Pratte a un message à faire passer dans son éditorial, vous le verrez plus loin. Avant de commencer son délire... oups... son éditorial, il y va de cette mise en garde... Les projections démographiques comporte évidemment une marge d'erreur importante. Mais il se reprend tout de go dans la phrase suivante... Néammoins, les prévisions de l'ONU sont ce qu'il y a de plus crédible en la matière.

Après nous avoir enligné une série de chiffres qui peuvent comporter une marge d'erreur importante, M. Pratte en vient à ce dramatique constat... Éternelle souris aux côtés de l'éléphant américain, le Canada se sentira plus petit que jamais.

Et le Québec ? M. Pratte nous apprend que parce qu'il vieillit plus rapidement(ah oui ?) qu'ailleurs sur le continent, (...) les Québécois ne représenteront plus qu'un cinquième de la population canadienne en 2050 comparativement à un quart en 1991. On sait que M.Pratte n'est pas, et ne peut pas être souverainiste pour être éditorialiste en chef de La Presse. Mais il peut parler contre...

Quand on a un message à passer, tous les moyens sont bons... Certains voient dans cette évolution un argument en faveur de la souveraineté. Qui sont ces certains ? On ne le saura pas. C'est pourtant grâce à eux que M.Pratte ira de cette question/réflexion/réponse pour le moins douteuse...

En caractère gras dans l'éditorial, histoire de s'assurer que l'on comprenne bien... De quel poids pèserait un Québec indépendant de moins de 8 millions d'habitants dans le monde de 2050 ? Une plume.

Si on suit la logique de l'éditorialiste, on constate que le Québec n'a pas et n'aura pas dans 50 ans assez de poids démographique pour devenir un pays. Dans 50 ans le Québec aura été surclassée par un grand nombre de pays qui sont aujourd'hui de sa taille. Et après nous avoir enligné une autre série de chiffres tous plus alarmants(sic) les uns que les autres... (...)la Bolivie, 8,3 millions d'habitants aujourd'hui en aura 15 millions en 2050; le Honduras 12 millions, le Paraguay 11 millions, le Salvador 10 millions... Et c'est sans compter le Brésil (233millions) et le Mexique (140 millions)... il en vient à ce terrible constat... Le monde de 2050 en sera un de géants démographique(...)

Ce que nous devons comprendre si ce n'est pas déja fait, c'est que les "ti-culs" comme le Québec n'ont aucune chance dans ce futur monde de géants. Je n'ai rien inventé... Dans un tel contexte, les petits pays notamment le Canada, auront bien du mal à influencer le cours des choses. Comme si le Canada influençait déja quelque chose !

Sa prose n'est pas terminée, ça prend une conclusion. On ne peut pas laisser le lecteur avec tous ces constats troublants, sans l'aider à réfléchir. Étant donné sa grande magnanimité, M.Pratte propose donc deux solutions, dans la même phrase... Pour survivre - et c'est encore plus vrai pour une culture distincte comme le Québec- ces sociétés devront faire preuve d'une productivité et d'une créativité hors du commun. Quand M.Pratte fait dans la prophétie, il ne le fait pas à moitié. Il termine son édito avec ces deux phrases assassines... Le défi est gigantesque. Qui en est conscient ?

L'ésotérisme dans un éditorial, à défaut d'être informatif, peut être très amusant comme le démontre la dernière phrase écrite par Pratte: Qui en est conscient ? M.Pratte semble penser qu'il est un des seuls à avoir cette "conscience". Doit-on le féliciter pour ses "clairvoyances" ou le renommer vaticinateur en chef de la Presse pour ses fabulations ? La question mérite d'être posée !

Guy Vandal