lundi, janvier 17, 2005

Journalisme ou jaunisme ?

Votre réflexion m'a convaincu: je pense que dans le même esprit que celui de votre regard critique sur le bulletin de TVA, je vais faire une chose que je me promets de faire depuis longtemps (soit à TVA, soit à TQS, c'est du pareil au même), et que je n'ai jamais faite par paresse, ou faute de «débouché», ou les deux: prendre en note toutes les questions (et leur contexte) complètement insignifiantes que posent parfois, trop souvent, certains journalistes à leurs interlocuteurs, qu'il s'agisse de politiciens, de quidams ou d'autres personnalités.

Il arrive parfois que ma conjointe et moi en hurlions de stupeur tellement ces questions sont soit insipides, soit ridicules, soit outrageusement déplacées. Exemple (fictif, mais seulement parce que je n'ai encore jamais noté les circonstances quand ça se produit...): à une mère de famille dont le fils est accusé d'un meurtre crapuleux ou dont la fille a été victime d'une agression non moins dégueulasse, on demandera : «Comment vous sentez-vous ?», ou «Vous attendiez-vous à ce que votre fils commette un tel geste?» comme s'il était plausible que la pauvre femme puisse danser de joie devant la catastrophe qui la frappe.

Le mot d'ordre et le mot-clé, chez TVA autant que chez TQS, c'est «l'émotion». Il faut absolument faire ressortir l'émotion de toutes les situations, quitte pour cela à forcer les acteurs de l'actualité, qui sont complètement démunis devant un micro et une caméra et paniqués par le drame qui leur arrive, quitte à les forcer à se déshabiller psychologiquement et émotivement devant 2 millions de personnes. C'est carrément du jaunisme, mais du jaunisme bien habillé, camouflé derrière le paravent de «l'émotion» et maquillé de ce méprisant concept qu'est celui de l'«information populaire».

Que le topo, en termes de contenu et de substance, ne mérite absolument pas les deux ou trois minutes que l'on lui consacre, cela n'a aucune importance en autant qu'il transporte de l'émotion, autant que possible avec des larmes visibles à l'écran. Et si en plus c'est un homme qui pleure, alors là, c'est le pactole. «Eille, un homme qui pleure, c'est-tu beau...», comme dirait Véro...

Tout cela, vous vous en doutez, me tape sur les nerfs au plus haut point; ce n'est pas de l'information, c'est de l'exploitation de la misère humaine d'un côté, et d'un voyeurisme pernicieux, malheureusement fort répandu, de l'autre. À moins que ce soit de l'exploitation d'un exhibitionnisme malsain de la part des victimes elles-mêmes, comme certains le prétendent ? Alors là, faudrait qu'on m'en fasse la démonstration.

Jean-Pierre Paré

G.V.: Ce monsieur Paré est conséquent. Ce matin, il m'a envoyé cette "perle"... "René Homier-Roy, vers 7h40 ce matin, en entrevue avec Claudette Carbonneau: «Croyez-vous que les syndiqués de la SAQ sont
sortis pour les bons motifs

!!!

«Ben non, Chose, nous à la CSN on pense que c'est une bande d'imbéciles, c'est pour ça d'ailleurs qu'on leur a offert de s'affilier...»