samedi, juin 11, 2005

Le canular d'un vendeur de char !


N.B. Cette critique d'un texte paru dans
La Presse du mercredi 08 juin 2005 a été commencé le jour même, vers 5 heures de l'après midi. Le sujet; un slip pour femme équipé d'un système GPS... commenté par un journaliste épouvantablement sexiste. Depuis, il s'est avéré que le journaliste commentait un canular, comme on en retrouve des milliers sur le net. Le journaliste s'est fait complètement emberlificoter par une invention bidon, qu'il aurait très probablement aimé posséder, si on se fie à ses commentaires élogieux.

Je ne changerai à peu près rien de l'observation originale, même si je sais maintenant que le journaliste commentait un canular. Le texte que je critique a quand même été publié dans La Presse et comme vous le constaterez, c'est très loin d'un modèle de rigueur journalistique...


Fin de l'introduction.

Un courriel reçu de la Journa-Liste a titillé ma curiosité...

Nicolas Ritoux est-il inscrit sur cette liste ? Je discuterais volontiers avec lui de son papier publié dans La Presse d’aujourd’hui. Un magnifique exemple de mélange des genres doublé d’un sexisme ravageur, qui révolte autant qu’il désespère la femme et la journaliste que je suis.

En effet, un semblant de journaliste techno a écrit un texte d’un sexisme ravageur, qui révolte dans la La Presse du mercredi 8 juin 2005. J'écrit texte mais publi-reportage serait plus, beaucoup plus appropriée...

Le titre: Conduire sans alcool tout en surveillant sa femme. (Le lien n'est plus disponible... évidemment.)

Le sous-titre: "Un sous-vêtement féminin équipé secrètement d'un GPS et un détecteur qui mesure le taux d'alcoolémie sur la peau des mains d'un conducteur: voilà deux inventions qui devraient encore aider les consommateurs à se protéger contre eux-mêmes."

Ça, ce sont les premières lignes. Le journaliste en annoncant son sujet, nous promet que voilà deux inventions qui devraient encore aider les consommateurs à se protéger contre eux-mêmes. On s'attend donc à quelque chose d'utile. Et un détecteur qui mesure le taux d'alcoolémie sur la peau d'un conducteur, ça pourrait être en effet très utile.

Mais de ce détecteur, le journaliste n'en parlera qu'à la fin de son texte, avec beaucoup moins de mots. C'est qu'il a une pub à faire avant. Et pour qu'une pub soit efficace, ça prend une bonne introduction... "Messieurs, avez-vous la moindre idée de ce que fait votre femme en ce moment précis? En êtes-vous sûr? En êtes-vous VRAIMENT sûr?" Ce que le journaliste dit au fond et il insiste, c'est tout simplement... On ne peut faire confiance aux femmes.

Celle qui a envoyé ce courriel a raison, plus on lit, plus on devient enragé... (les caractères gras sont de moi.)

L'introduction étant faite, la "discours" de vente peut commencer... Plutôt que de rester dans les affres du doute et de la jalousie qui peuvent miner les meilleurs d'entre nous, offrez-donc à votre douce moitié le slip Forget Me Not, créé au Japon pour garantir votre tranquillité d'esprit. Équipé d'un émetteur GPS, il vous indiquera en tout temps où elle se trouve, et affichera sa position sur votre ordinateur ou votre cellulaire. Et si vous choisissez le modèle également équipé de détecteurs de chaleur et de rythme cardiaque, vous pourrez aussi savoir si elle s'amuse dans les bras d'un autre.

Le journaliste (trop emballé ?) n'a pas vérifié si le GPS faisait une différence entre monter un escalier ou s'amuser dans les bras d'un autre. D'ailleurs, il n'a rien vérifié. En quoi consiste cette technologie, pour quel marché a-t-elle été créée, y a-t-il réellement une demande (si oui, dans quels pays et quelles franges de la population) ? Il aurait pu faire une entrevue d’un sociologue, psychologue ou autre spécialiste pour commenter la « nouvelle »...

Et non, rien de ça. Le monsieur n'a que des choses très très positives à dire sur ledit gadget... et il faut qu'elles soient dites. Parce que le gadget lui, il le trouve génial... Et le meilleur de tout, c'est que cet émetteur issu de la recherche militaire «s'intègre au tissu si discrètement qu'elle ne se doutera même pas qu'il s'y trouve!» promet ForgetMeNotPanties.com.

Aucune objectivité dans le texte, que du positif je le répète. Sauf que là, en citant ce passage, il reproduit carrément un des slogans publicitaires de la compagnie. Le journaliste est définitivement enchanté que l'appareil ait été inventé(sic) car après nous avoir parlé du prix du slip, il ajoute ceci... Le design n'est pas des plus affriolants, mais voilà un slip qui fera savoir à madame où est sa place!

Allez femme, marche... à ta place ! Ce torchon a été publié dans La Presse, je le répète...

Pour terminer sa publicité, le scribe fait parler les "témoignages"... trouvés sur le site de la compagnie bidon... «Vos slips m'ont sauvé d'un mauvais mariage», écrit un témoin cité sur le site, qui a pu confronter sa femme après avoir vu la chaleur de son corps augmenter alors qu'elle se trouvait dans un motel près de son lieu de travail. Un autre témoin, qui a offert ces slips à sa fille pour mieux dompter ses pulsions adolescentes, suggère à la compagnie d'incorporer une caméra vidéo à la prochain version.

Rien de négatif dans les témoignages, bien entendu. On ne trouverait rien de ça chez une compagnie qui veut faire la promotion de son produit. Et comme c'est l'unique source du copiste, on n'aura droit qu'à des "slogans positifs". Comme le "témoignage" de la femme qui se trouvait dans un motel. L'imitation de journaliste fait référence pour la deuxième fois dans son texte, histoire qu'on ait bien compris, à une option que tu peux rajouté audit gadget.

Tant qu'à vendre un produit, aussi bien mettre en évidence toutes les options... et leurs avantages !!!

La journaliste qui a envoyé ce lien sur la Journa-Liste, fait ce commentaire à la fin de son intervention... Faudrait-il que je me décide à écrire des conneries pareilles pour séduire la rédaction de ce quotidien ? Franchement !

Je la trouve très (trop) politiquement correcte quand elle parle de conneries. Je pense que c'est plus que des conneries. Je pense que ce papier est une stupide publicité sexiste, basée (après vérification) sur un canular et écrite par un insignifiant. Ce texte publié dans La Presse, démontre que le combat des femmes pour qu'on cesse de les voir comme des objets à mettrent à leur place, est loin d'être terminé.

Malheureusement, dans la tête de certains hommes (beaucoup trop en fait) et sans aucun doute de ce scribouillard, une femme c'est comme un "char". Il faut qu'elle soit bien propre, bien mise... et bien garée.

C'est probablement la fièvre du Grand-Prix qui l'a inspiré !

Conclusion: On sait maintenant de ce scribe qui sévit à La Presse que, non seulement sa rigueur journalistique laisse vraiment à désirer, mais qu'en plus il est un macho... idiot !

Guy Vandal