lundi, janvier 31, 2005

Quand une élection multiplie la désinformation...

Il y a eu "élection" hier en Irak. Et comme Bush a qualifié la chose de "succès éclatant", ça mérite une observation ici...

J'écoute présentement à Matin express, les journalistes de Radio-Canada nous désinformer sur le sujet et je ressens un profond dégoût. Sachant que les observateurs internationaux, avec à leur tête le Canada, ont décidé de s'installer en Jordanie parce que c'était trop dangereux d'être dans le pays où avait lieu ces élections, comment pouvons nous croire que la démocratie s'est vraiment exercé en Irak ?

La journaliste Joyce Napier est pour sa part très emballée. Elle commence son reportage avec cette phrase... "George Bush est un homme investit d'une mission quasi divine, celle de semer la démocratie au Moyen-Orient, d'installer un régime occidental là où il n'y en jamais eu." Une mission quasi divine ? George Bush semer la démocratie ? C'est un film ou quoi ?

La suite du reportage est sans intérêt puisqu'on ne rapporte que les propos de George Bush et Condoleezza Rice... qui eux on l'imagine, sont très contents des résultats. La "joie" de ces deux-là devrait semer le doute dans la tête de la journaliste mais ce ne sera pas le cas. "C'est peut-être bien la première fois depuis l'invasion irakienne que George Bush a réussi à confondre les sceptiques."

Le Devoir, ce journal supposément indépendant, mérite la palme de la désinformation avec ce titre en gros plan sur la première page... "Irak: Bush gagne le pari à aux risque des élections". Triturer l'information dans cette feuille de choux est de moins en moins gênant... "Des attentats qui ont fait 44 morts n'ont pas empêché 60 % des irakiens d'aller voter hier." Ce que Le Devoir ne dit pas, c'est que c'est 60 % des électeurs inscrits qui ont supposément voté hier, pas 60 % des Irakiens.

Je viens tout juste d'entendre à Matin Express que 8 millions d'irakiens ont voté hier et Le Devoir dans son texte écrit aussi ceci: "Adel Lami membre de la Commission électorale indépendante, a évoqué un taux d'environ 60 %, soit huit millions de votants." (...) "Privé du pouvoir pendant le mandat de Saddam Hussein, la majorité chiite, qui représente 60 % des 26 millions d'Irakiens, était attendue nombreuse aux urnes."

Si 8 millions d'Irakiens ont vraiment voté hier, cela représente à peine 30 % des 26 millions d'Irakiens. Sachant que les observateurs internationaux étaient en Jordanie pour "surveiller" cette élection, on ne peut même pas être sûr qu'il y a bien eu 8 millions de votants. La mascarade n'aura pas eu lieu seulement en Irak mais aussi, dans tous les médias rampants.

Dans La Presse, Alexandre Sirois est lui aussi bien désinformé... "Le scrutin semble avoir été malgré tout beaucoup plus populaire en Irak qu'à l'étranger."

En même temps que j'écris ce texte, j'écoute Matin express. Présentement (08h05) Joyce Napier dans son reportage nous fait encore l'éloge du "succès" de Bush. Un peu plus tôt l'animateur demandait à un expert(sic) invité... "Est-ce qu'on peut dire que pour le peuple irakien c'est une victoire sur le terrorisme ?" Il aurait mieux fait d'inviter Tony Blair... "Le premier ministre britannique, Tony Blair, a déclaré que les élections étaient « un coup porté en plein coeur du terrorisme mondial ».

C'était assez drôle ce passage avec l'expert, car même si celui-ci émettait des doutes sur cette élection, l'animateur revenait sans cesse avec le "succès" du 60 %. Et même si l'expert émettait des doutes, il n'a rien trouvé à redire lui non plus sur ce 60 % !!! Dans le lien de Radio-Canada vous pourrez aussi écouter le politologue(double-sic) Sami Aoun faire l'éloge du processus démocratique qui s'est déroulé hier en Irak. Je l'ai écouté mais je n'ai pas le goût de le commenter. Juste de me demander ce que fait cet "expert" à Radio-Canada !

Aujourd'hui nos médias rampants parleront du "succès" de cette élection toute la journée. Hier à la radio de Radio-Canada, on pouvait entendre un reportage (après les mensonges) d'une coalition qui dénonçait cette mascarade. Aucune trace de ce reportage aujourd'hui à RDI, un supposé réseau d'information. Cette désinformation est complètement inacceptable dans une société dite démocratique. Ceux qui y participent devraient avoir honte !

Guy Vandal

vendredi, janvier 28, 2005

À votre santé M.Foglia !

Le texte suivant a été publié dans L'aut'journal au mois de décembre 2004. Son auteur Pierre Dubuc m'a donné l'autorisation de le publier ici.(G.V.)
***

Dans sa chronique du 2 décembre, Pierre Foglia se disait «tanné» de la «gauche nationaliste de l’aut’journal». «Je suis tanné, écrivait-il, de votre discours sur mon journal, sur mes collègues. Je suis tanné de vos énormités, de vos phrases toutes faites sur Power, sur La Presse.» «Vous êtes aveugles, ajoutait-il. Depuis trois ou quatre ans, La Presse est devenue un très bon journal d’information.»

Foglia a-t-il raison? La Presse est-elle devenue un «très bon journal», sans que nous nous en soyons rendu compte? Un journal qui mord, qui critique les pouvoirs en place, qui joue son rôle de quatrième pouvoir?

Nous n’avons malheureusement pas les moyens de faire une étude exhaustive des trois ou quatre dernières années mais, pour en avoir le cœur net, nous avons passé en revue les prises de position des éditorialistes de La Presse, plus particulièrement de l’éditorialiste en chef André Pratte sur les principaux sujets d’actualité du dernier mois, que ce soit le CHUM, les PPP, la réforme de la Caisse de Dépôt et Placement, les tarifs d’électricité, les salaires des médecins, la grève de la SAQ, la réforme du mode de scrutin, le bouclier antimissiles.

Commençons par les tarifs d’électricité. Dans un éditorial intitulé «L’excellente idée de M. Caillé» (13 décembre), André Pratte apportait son appui à l’idée que «les tarifs d’électricité payés par les Québécois grimpent graduellement pour rejoindre les prix du marché», c’est-à-dire qu’ils doublent !

Quelques jours plus tôt, à la Une, La Presse titrait : «Hydro-Québec. Une facture plus élevée pour financer la santé et l’éducation. CAILLÉ SOUHAITE LA FIN DE L’ÉLECTRICITÉ À RABAIS.» Pure démagogie quand on sait fort bien que le gouvernement Charest coupe en santé et dans l’éducation - les prêts-bourses, par exemple – pour tenir sa promesse de réduire les impôts des mieux nantis de un milliard $ par année.

Deux jours après la publication de l’éditorial, gros titre dans le cahier Affaires : «LES EXPERTS SONT UNANIMES : L’ÉLECTRICITÉ DOIT AUGMENTER». Pour composer une telle brochette d’unanimité, La Presse a dû faire appel, entre autres, à un professeur de géologie (!) de l’Université Laval, un chargé de cours de l’UQAM (!!), un professeur à l’université de l’Alberta (!!!) et à un promoteur de petits barrages privés !

Tous étaient évidemment d’accord pour hausser le prix de l’électricité au prix du marché… du gaz naturel. De quoi réjouir André Caillé et ses petits copains, autrefois de Gaz Métropolitain, qui gravitent aujourd’hui dans l’entourage du premier ministre Charest.

Conscient que la facture serait difficile à faire avaler aux lecteurs de La Presse, le super-éditorialiste Alain Dubuc est venu en renfort en faisant référence à son passé «marxiste-léniniste». Dans sa chronique «Quand la gauche est à droite» (8 décembre), il écrit que «les militants que nous étions s’opposaient aux programmes universels.» Drôle de gauchistes ! Plutôt que d’un groupe «m-l», faudrait plutôt parler d’un groupe «n-l» pour «néo-libéral».

Quand La Presse titre que les hausses des tarifs d’électricité financeraient la santé, elle a sans doute en tête le projet du recteur Lacroix d’aménagement du CHUM dans la cour de triage d’Outremont. De l’argent, il en faudra, car le projet est déjà évalué à plus de 2 milliards, soit presque le double du budget initial prévu pour l’aménagement du CHUM au 1000 Saint-Denis.

Mais on ne regarde pas à la dépense quand il s’agit d’un projet soutenu par le patron, Paul Desmarais. André Pratte qualifie le projet de «Baie-James de la santé» (titre de l’éditorial du 27 novembre) et qualifie de «Ragots» (titre de l’éditorial du 30 novembre), les propos de ceux qui ne savent pas apprécier l’aide désintéressée du mécène Paul Desmarais. Pour l’appuyer, Lysiane Gagnon y est allé de deux chroniques sur le même sujet pour vilipender ces «journalistes (du Devoir) qui ont inventé un sombre complot de l’Establishment libéral».

Malgré tout, le gouvernement hésite. Aussi Pratte a-t-il signé deux autres éditoriaux, «L’enjeu» (9 décembre) et «Brouillard sur le CHUM» (15 décembre) dans lequel il demande un report de la décision. Craignant que l’avis de Pratte ne fasse pas le poids, on a fait appel à Lucien Bouchard («Réfléchissons encore» - 16 décembre). Rien de mieux qu’un ex-conservateur pour parler à un ex-conservateur !

En doublant les tarifs d’électricité, on pourrait également «Prendre soin des médecins» (titre de l’éditorial du 1er décembre), nous dit André Pratte dont l’écart brut entre leur rémunération et celles des spécialistes des autres provinces «varie entre 26% et 56%». «Combler un tel écart coûtera cher, nous dit Pratte. Cela devra se faire de façon graduelle. Mais cela devra être fait.» Comme pour les tarifs d’électricité. Là encore, il a reçu l’appui de son collègue Alain Dubuc («Le temps de corriger le tir» - 10 décembre).

Par contre, les conditions de salaires et de travail des cols bleus et des employés de la SAQ devront être revues à la baisse. Que voulez-vous, c’est la loi du marché. Dans le cas des cols bleus, l’éditorialiste en chef a cédé sa place à un nouveau venu dans les pages éditoriales, François Cardinal, qui a su rapidement démontrer que cette promotion était bien méritée. Il a titré son éditorial «Laissez-les hurler !» (21 octobre). Les cols bleus y sont rabaissés au rang de «chiens enragés» que l’administration municipale devrait laisser aboyer, tout en leur imposant l’inique sentence arbitrale de Gilles Lavoie.

Le 11 décembre, François Cardinal récidivait contre les cols bleus («Montréal n’est pas le Far-West») avec l’appui du chroniqueur Yves Boisvert («Les alliés objectifs des PPP»). N’allez surtout pas croire que Boisvert prend position contre les PPP. Son journal s’est déjà prononcé en faveur du projet de privatisation de la ministre Monique Jérôme-Forget, sous la plume de André Pratte («Lucifer privatisé» - 29 octobre) et Alain Dubuc («PPP : peurs et passion» - 29 octobre).

Tous ceux qui s’opposent à cette vente à rabais du Québec sont qualifiés par Alain Dubuc de «puissantes forces de conservatisme et de statu quo» qui défendent le «modèle québécois». Soulignons que La Presse mène un combat tous azimuts pour la remise en question de ce modèle. Il y a eu sur le sujet un dossier de plusieurs pages («Quel modèle pour le Québec ?» – 27 novembre), suivi d’éditoriaux de André Pratte («L’occasion ratée» - 3 décembre) – «L’occasion ratée» est le refus du premier ministre Charest d’endosser la demande de André Caillé de doubler les tarifs d’électricité – et de Alain Dubuc («Québec va rater le bateau» - 4 décembre).

Mais Pratte et Dubuc ont quand même eu un prix de consolation avec la révision de la loi de la Caisse de Dépôt et de Placement qui donne priorité au rendement des déposants plutôt qu’à son rôle historique d’agent de développement économique. «L’économie québécoise ne peut qu’en profiter», écrit André Pratte dans son éditorial («Une Caisse plus solide» - 16 décembre).

Mais le texte le plus percutant de André Pratte au cours du dernier mois est sans doute celui consacré à la grève de la Société des Alcools dans lequel il invite la population québécoise à franchir les lignes de piquetage parce qu’il «n’y a pas ici d’enjeu moral», écrit-il dans son éditorial «Acheter à la SAQ».

Par contre, bien entendu, «les syndiqués poseraient des gestes immoraux et illégaux s’ils tentaient d’intimider ou de bloquer la route aux acheteurs». «Ce conflit, nous dit-il, est un banal rapport de forces entre un employeur et un syndicat». Alors, pourquoi ne pas faire pencher la balance en faveur de la SAQ! Publions la liste des succursales ouvertes ! Demandons à nos chroniqueurs de vin de nous proposer une sélection des meilleurs vins de dépanneurs !

Une approche qui va réjouir Alain Dubuc qui intitulait, le 10 novembre, sa chronique «Et si la SAQ était privée».

Voilà, Monsieur Foglia, nous avons pratiquement fait le tour des prises de position de votre «meilleur journal» au cours du dernier mois. Reste quelques petites brindilles comme «Le bouclier anti-débat» (8 décembre), un éditorial dans lequel André Pratte réaffirme son appui au bouclier anti-missiles de George W. Bush («Dire Oui à Bush» – 4 octobre). Ou encore cet appui au projet de réforme du mode de scrutin du ministre Dupuis qui, de l’avis de tous les experts, ne va profiter qu’aux Libéraux et à l’ADQ («Une réforme bien engagée» - 17 décembre).

Nos excuses, Monsieur Foglia, pour notre «discours» sur votre journal, sur vos collègues, pour nos «énormités», nos «phrases toutes faites sur Power, sur La Presse» et félicitations pour votre «très bon journal d’information.»

À votre santé, Monsieur Foglia, et j’espère que le vin était bon à votre party de bureau!

Pierre Dubuc

mercredi, janvier 26, 2005

La maladie du silence...

Il y a eu beaucoup d'"action" sur la Journa-Liste la semaine dernière. On y a parlé de Mitsou, de re-lecture, de la décision du CRTC d'autoriser la vente de CKAC...

Certains sur cette liste s'écoutent écrire, mais d'autres par contre sont très pertinents. Michel Morin est un de ceux-là et c'est avec sa permission que je publie ici son intervention sur la dite Journaliste. Sujet: La maladie du silence... Les caractères gras sont de moi.(G.V.)
***

Très chers collègues, j'écris rarement sur la journaliste et j'ai décidé, dans le débat qui entoure la transaction Astral / Corus de vous soumettre une hypothèse concernant le silence, non seulement de la confrèrerie journalistique, mais aussi des organisations, décideurs etc.

Le modèle économique actuel des médias est tout simplement devenu pervers par le fait que les grandes entreprises sont à la bourse et doivent rendre des comptes à des actionnaires. Je sais que je ne vous apprend pas une grande vérité. Nous savons tous que ce système a fait naître un phénomène de dictature au sein des organisations. Pour avoir fait de la radio et de la télé en région, puisque passé les ponts de Montréal nous arrivons en région, à chaque fois c'est le même chose. Nous devons suivre les ordres qui viennent de Montréal.

Il n'y a plus de plan de développement individuel pour les radios, télés ou hebdos. Il n'y a qu'un plan global pour tout le monde. Donc, quand on ne suit pas les ordres d'en haut, on nous invite à quitter.

Étant un fervant défenseur de l'information locale et régionale, j'ai eu souvent des discussions avec nos joyeux gestionnaires qui ne comprennent rien de la réalité des régions. Depuis plus de 4 ans je travaillais pour une coopérative de travailleurs en télé à Drummondville. Nous avions une entente de partenariat avec Cogeco pour coproduire des émissions d'information à la télé locale. Nous avions 4 bulletins par semaine de 15 minutes avec d'autres émissions. Nous avons travaillé très fort pour aller cherché l'auditoire en déployant beaucoup de professionnalisme car nous avions l'étiquette de la télévision communautaire.

À l'automne, Cogeco a décidé d'introduire des émissions d'information partout sur son réseau de télévision locale. Bonne nouvelle pour plusieurs régions, sauf que nous il fallait passer de 4 à 2 émissions semaines et à des heures de diffusions ridicules. Nous avons sonné une alarme à la direction car les gens nous cherchaient à l'écran. Malheureusement, la direction n'a rien voulu entendre. Résultat, j'ai quitté la télé. Cogeco a engagé une toute jeune fille de Montréal qui vient faire des nouvelles à Drummondville...

Dans les dicussions avec la direction de Cogeco, je me suis fait dire : "Michel, tu fais parti d'un réseau maintenant". Ça veut donc dire implicitement ferme ta gueule. Donc, il y a un climat de dictature qui règne en général dans les médias. Il y a peut-être des exceptions, mais de mon vécu et selon de nombreux témoignages de confrères ou consoeurs, la dictature est belle et bien installée. D'ailleurs, observez autour de vous ou dans d'autres domaines et vous verrez que nous glissons tranquillement dans ce système.

Le silence est donc de mise pour de nombreux travailleurs dans les médias, cadres inclus. Les quelques uns, comme moi, qui osent s'opposer à la ligne du parti, se voit montrer la porte. À la différence de Saddam Hussein, les gestionnaires d'aujourd'hui ont l'obligation morale de nous garder vivant. Je vais vous épargner le récit de toutes les décisions suicidaires de nos joyeux gestionnaires qui doivent suivre et imposer la ligne de parti.

Le silence des décideurs ou tout autres groupes qui pourraient émettre une opinion, ou du moins s'inquiéter des conséquences de la transaction Astral / Corus, est directement relié au copinage ou à un désintéressement de la chose par manque de connaissance. Là encore il y a des exceptions car plus de 4000 mémoires ont été déposé, je crois, au CRTC, vous me corrigerai si je me trompe.

À Drummondville, si la transaction passe, nous allons vivre sous la domination d'Astral qui sera propriétaire des trois plus importantes stations dans le marché. Par chez nous on appelle ça un monopole et par chez nous on se met la tête dans le sable. Personne ne s'inquiète des conséquences, ni la Chambre de commerce, ni la SSJB qui prône pourtant la démocratie, ni le CRÉ etc. Personne ne s'inquiète des retombées sur les coûts publicitaires ou sur l'information car nous savons qu'Astral n'a pas un passé à se rouler par terre au niveau de l'info.

En conclusion, les débats, les forums, les échanges, les discussions, l'entraide doivent faire place au silence car il en dépend de nos jobs si on parle trop...La "montréalisation" de l'information c'est comme les antibiotiques plus on nous en donne, plus on en prend, plus notre système s'habitue. Et ça, les tueurs à gage de l'information que sont devenus les gestionnaires le savent.

Michel Morin
maintenant journaliste pour le nouvel hebdomadaire indépendant L'Opinion, qui dérange bien sûr les hebdos de Transcontinental à Drummondville qui ont perdu leur monople et qui dérange bien sûr la direction ainsi que les actionnaires et qui l'establisment drummondvillois.

mardi, janvier 25, 2005

Les journalistes en question...

Florilège part 2

Bulletin TVA, 21 janvier, 18h10 -- La lectrice de nouvelles Sophie Thibault intervient dans le bulletin de Bruneau pour nous informer que les grévistes de la SAQ pensent qu'il y aura un blitz de négociation durant le week-end de façon à possiblement leur présenter une propositon de règlement en début de semaine prochaine. Et elle ajoute: «Ce qui est fort possible parce qu'on sait que le PDG de la SAQ, M. Toutant, a déclaré qu'il voulait que le conflit se règle le plus tôt possible.»

Hé ben !

En quelque sorte, Mme Sophie Thibault nous apprend ainsi que M.Toutant est responsable d'avoir provoqué et fait s'étirer le conflit, puisqu'elle lui prête le pouvoir de le régler par sa seule volonté. Ou peut-être que Madame ne connaît que dalle aux relations de travail et devrait s'abstenir d'en parler?

Jean-Pierre Paré

lundi, janvier 17, 2005

Journalisme ou jaunisme ?

Votre réflexion m'a convaincu: je pense que dans le même esprit que celui de votre regard critique sur le bulletin de TVA, je vais faire une chose que je me promets de faire depuis longtemps (soit à TVA, soit à TQS, c'est du pareil au même), et que je n'ai jamais faite par paresse, ou faute de «débouché», ou les deux: prendre en note toutes les questions (et leur contexte) complètement insignifiantes que posent parfois, trop souvent, certains journalistes à leurs interlocuteurs, qu'il s'agisse de politiciens, de quidams ou d'autres personnalités.

Il arrive parfois que ma conjointe et moi en hurlions de stupeur tellement ces questions sont soit insipides, soit ridicules, soit outrageusement déplacées. Exemple (fictif, mais seulement parce que je n'ai encore jamais noté les circonstances quand ça se produit...): à une mère de famille dont le fils est accusé d'un meurtre crapuleux ou dont la fille a été victime d'une agression non moins dégueulasse, on demandera : «Comment vous sentez-vous ?», ou «Vous attendiez-vous à ce que votre fils commette un tel geste?» comme s'il était plausible que la pauvre femme puisse danser de joie devant la catastrophe qui la frappe.

Le mot d'ordre et le mot-clé, chez TVA autant que chez TQS, c'est «l'émotion». Il faut absolument faire ressortir l'émotion de toutes les situations, quitte pour cela à forcer les acteurs de l'actualité, qui sont complètement démunis devant un micro et une caméra et paniqués par le drame qui leur arrive, quitte à les forcer à se déshabiller psychologiquement et émotivement devant 2 millions de personnes. C'est carrément du jaunisme, mais du jaunisme bien habillé, camouflé derrière le paravent de «l'émotion» et maquillé de ce méprisant concept qu'est celui de l'«information populaire».

Que le topo, en termes de contenu et de substance, ne mérite absolument pas les deux ou trois minutes que l'on lui consacre, cela n'a aucune importance en autant qu'il transporte de l'émotion, autant que possible avec des larmes visibles à l'écran. Et si en plus c'est un homme qui pleure, alors là, c'est le pactole. «Eille, un homme qui pleure, c'est-tu beau...», comme dirait Véro...

Tout cela, vous vous en doutez, me tape sur les nerfs au plus haut point; ce n'est pas de l'information, c'est de l'exploitation de la misère humaine d'un côté, et d'un voyeurisme pernicieux, malheureusement fort répandu, de l'autre. À moins que ce soit de l'exploitation d'un exhibitionnisme malsain de la part des victimes elles-mêmes, comme certains le prétendent ? Alors là, faudrait qu'on m'en fasse la démonstration.

Jean-Pierre Paré

G.V.: Ce monsieur Paré est conséquent. Ce matin, il m'a envoyé cette "perle"... "René Homier-Roy, vers 7h40 ce matin, en entrevue avec Claudette Carbonneau: «Croyez-vous que les syndiqués de la SAQ sont
sortis pour les bons motifs

!!!

«Ben non, Chose, nous à la CSN on pense que c'est une bande d'imbéciles, c'est pour ça d'ailleurs qu'on leur a offert de s'affilier...»

jeudi, janvier 13, 2005

Un peu de torture... à la sauce Quebecor !

Publicité en direct, où quand ce n'est plus de l'information...

Il est 5h00 P.M. mardi le 12 janvier 2005 et je viens tout juste d'ouvrir la télé. Je vais tenter d'écouter le bulletin de nouvelles à TVA avec Pierre Bruneau jusqu'à 6h30...

Juste pour l'expérience, j'ai effectivement écouté le bulletin jusqu'à la fin. L'expérience que je voulais faire était d'écouter, et de livrer mes impressions au fur et à mesure dans ce blogue. Évidemment que je n'ai pas la possibilité de reproduire fidèlement ce que j'y ai entendu. Je voudrais quand même juste écrire mes impressions...

Je suis un peu en retard pour la première nouvelle parce que TVA ne commence plus son bulletin à 5 heures mais un peu avant, peut-être dans le but d'aller chercher quelques "clients" de Jean-Luc Mongrain...

(...) Bien sûr que les pays touchés par le tsunami sont la première manchette... mais ce qu'on nous raconte, on le sait déja. Les images qu'on revoit, ont déja été vues mille fois ! La deuxième nouvelle concerne un accident hier dans une quelconque montagne russe à Québec. J'ai toute de suite l'impression, sachant le choix de la deuxième nouvelle, que Pierre Bruneau devra encore "patiner" ce soir et que les prochaines 90 minutes seront longues. Finalement aussi insipide que fût ce bulletin de nouvelle, je n'ai pas regretté de l'avoir regardé...

(...) Le séisme en Californie arrive après la première publicité. On nous montre les images du sauvetage "dramatique" dudit bébé, (c'est toujours "winner" un bébé) et après seulement, on nous explique ce qui est arrivé. C'est très curieux que le sauvetage du bébé arrive avant l'explication de ce qui s'est passé, mais c'est normal à TVA, l'information ça doit être spectaculaire dans le sens de spectacle... payant !

Après que le reporter eut fait allusion au réchauffement de la planète, Pierre Bruneau nous lance cette phrase pleine de "sens": Ça nous fait apprécier notre chez-nous... Je n'ai pu m'empêcher de me dire... Attend, t'as encore rien vu mon Bruneau !

(...) Le ministre de la santé promet de consulter les concitoyens mais le reporter constate que l'idée du ministre est déja faite. Probablement que chez TVA, on connaissait déja cette nouvelle... Le nombre de comprimés stimulants prescrits à des enfants a plus que doublé au Québec depuis 1999... Mais les tergiversations du ministre sont plus "intéressantes"... et moins révoltantes. Le même reporter indispose le ministre avec une question sur le lien entre la construction du CHUM et la possibilité que celui-ci soit construit dans le comté du dit ministre. Le ministre passe près de dire un gros mot... ce qui rend le reporter très fier de lui.

Michel Auger en tant qu'expert invité, nous explique presque... que le gouvernement Charest a raison de tergiverser avec le CHUM. Si je pouvais avoir le texte de ce qu'il a dit, ce serait plus facile à expliquer. Mais si vous êtes avec Vidéotron et que vous cherchez un peu, vous pourrez le ré-écouter gratuitement... chanceux que vous êtes !

(...) Un nouveau cas de vache folle. Le gouvernement dit que c'est rassurant... On "apprend" qu'elle est de l'Alberta... On fait parler la porte-parole du gouvernement qui nous re-dit en cinq secondes... la même chose que ce qu'avait dit la reporter auparavant...

(...) La grève du hockey de la LNH... On ne nous apprend absolument rien de ce que nous ne savons pas déja... mais le "reportage" dure au moins deux minutes. Conclusion: Il n'y aura pas de saison cette année selon l'expert invité...

Richard Latendresse nous promet de nous décrire l'odeur épouvantable qui règne à l'endroit ou son compte de dépense lui permet de faire des reportages, mais après la pause. Ça donne le temps de se dire que... R.L. ferait un très bon acteur.

5h30... (...)

(...) Une nouvelle sur un agresseur sexuel nous amène l'ineffable Claude Poirier et ses phrases savantes... On se rappellera que des femmes de Montréal et de Laval ont vécues des situations difficiles. Poirier est le reporter judiciaire à TVA... et il aura son émission Le négociateur à cette station lundi soir prochain. Si on n'a écouté ce bulletin de nouvelles jusqu'au bout on ne pourra pas l'oublier parce que dans le bulletin de Pierre, il y aura beaucoup de publicité pour la dite émission et ça se transformera même en "nouvelle" comme on le verra plus loin.

Dans son "commentaire" il espère que le personnage soit déclaré délinquant dangereux. Et il fini en ploguant son émisssion. Et là, arrive ce que je n'avais jamais vu dans un bulletin de nouvelles, une publicité style vidéo-clip de 10 à 15 secondes sur Le négociateur... puis Bruneau revient. Le bulletin d'information est interrompu pour une pub maison comme si tout ça était normal. Je me demande sérieusement comment Pierre Bruneau fait pour travailler dans ce contexte. Plus loin dans le bulletin, il se fera couper la parole par une autre pub...

(...)On ne pourra pas dire d'ailleurs que celui-ci n'a pas un bon nez. Voici ce qu'il dit en guise d'introduction au reportage de Richard Latendresse... On sent même presque ici cette odeur épouvantable (P.B.) Et là, RL commence son reportage. Il nous dit qu'il y a des corps dans un conteneur et que ceux-ci puent épouvantablement. Il répète le mot épouvantable au moins trois fois dans les dix premières secondes de son reportage. Le reste n'est qu'une suite de mots choisis pour susciter de l'émotion.

Et R.L. réussit très bien dans son rôle de reporter qui ne sait plus quoi dire qui n'a pas déja été dit... Tout ça est extrèmement difficile et déchirant... C'est à arracher le coeur... Ce sont des mots du genre qu'il répètera durant tout son reportage.

(...) Après la météo, arrive un "expert" pour nous dire que le réchauffement de la planète n'est pas nécessairement la cause de ce qui arrive en Asie et en Californie. Mais à la fin de son "expertise" il nous dit qu'il y a effectivement un réchauffement et qu'on l'observe... mais qu'on ne peut pas dire que... bla-bla-bla...

(...)17h41 pause...

(...) Les avocats de Chrétien remettent en question le juge Gomery. Pierre Bruneau et la reporter ne cessent de sourire en parlant de cette nouvelle. Peut-être que les citoyens avaleront plus facilement le fait que cette enquête leur coutera plus cher avec toutes ces avocasseries. En tout cas, ni un ni l'autre ne le mentionnera dans ce "reportage".

(...) Un gagnant de 16 millions à la loto... Une belle publicité gratuite pour Loto-Québec, mais une nouvelle franchement insignifiante. J'en rajouterai pas...

(...)17h48 Pause plogue de l'émission de Claude Poirier... re-pub de l'émission Le négociateur...

(...) 17h50 Reportage(sic) sur l'émission Le négociateur... 17h54 fin du reportage

(...) Un reportage sur Céline Dion qui va elle aussi faire quelque chose pour l'Asie(sic), ne dure vraiement pas longtemps. C'est là que Pierre Bruneau se fera couper la parole par une publicité.

Ça, c'était la première heure du bulletin de nouvelles. Je n'ai absolument rien appris que ce que je ne savais déja. Le "vrai" bulletin de nouvelles pouvait commencer...

(...) 17h56 Début du bulletin de nouvelle... Un adolescent a plaidé coupable... 17h59...Fin du reportage

(...) Richard Latendresse revient. Il dit moins souvent le mot épouvantable, mais il nous raconte ce qui est arrivé avec une émotion certaine dans la voix. Je répète qu'un acteur ne ferait pas mieux...

(...) Dans un "reportage" sur l'ONU qui souhaiterait prendre le contrôle de l'aide en Asie, on nous remontre des images qu'on a déja vu milles fois. Dans le reportage on nous parle d'un "commerce" que le reporter ne semble pas apprécier. Il s'agit de la vente de dvd's qui reprennent les images que les caméras amateures ont capté lors du séisme. Le reporter semble trouver le commerce scandaleux mais ne dit rien sur son média (et les autres) qui exploite ces mêmes images depuis plus de deux semaines.

(...) Le même expert en "réchauffement de planète" revient et nous re-dit qu'on ne peut pas dire que les catastrophes climatiques sont causés par ce réchauffement. Pourtant, pas besoin d'être expert de rien pour dire que la pollution qui provoque le réchauffement de la planète a déja fait un gros trou dans la couche d'ozone...ce qui pourrait un jour, quand il sera trop tard, convaincre les experts que oui en effet, c'est la pollution qui est la raison majeure de ces sinistres. Ils doivent être capables de fairent des recherches Google, ces supposés experts...

18h08 Pause... Question (inutile ?) TVA: Le Québec a-t-il raison de consulter avant d'interdire totalement la cigarette dans les endroit publiques...

Le reste du bulletin sauf l'accident sur l'autoroute 20 et la fêtes des neiges, ont déja été commentés dans ce texte.

18h11 Autoroute 20 un accident spectaculaire...
18h12 accident dans des montagnes russes...
18h14 vache folle...
18h18 pause
18h21 fumeur...
18h23 fêtes des neiges
18h24 pause
18h26 plogue LCN... et météo.

J'essaie de comprendre comment ces "journalistes" et "reporters" arrivent à répéter cette pièce de théatre cinq jours par semaine et ce depuis plusieurs années. Richard Latendresse, il le sait que ses reportages sont plus du théatre que de l'information. Et Pierre Bruneau, il le sait que son bulletin de nouvelles n'est que le véhicule publicitaire de tout les "médias" appartenant à Quebecor.

Si ces pseudo-journalistes ne savent pas qu'ils sont des pantins au service de leur patron, il serait temps qu'ils commencent à lirent des blogues !

Guy Vandal